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I'm a Barbie Girl
4 mai 2004

Premier Baiser Mes parents ont déménagé quand je

Premier Baiser

Mes parents ont déménagé quand je suis rentrée au Lycée. Ce qui fait qu'en seconde, je me suis retrouvée sans aucun ami ou connaissance du collège. En un sens, j'ai trouvé ça plus tôt bien, car je voulais tirer un trait sur mes années de collège, et surtout sur tous les mensonges et embrouilles générées par mes soins.

Arrivée en seconde, je n'avais toujours pas embrassé un garçon sur la bouche, mais j'avais décidé de l'assumer ! Mais comment Barbie ? Toi qui est une bête de sexe, qui avoue tes fantasmes et dévoile ta vie sexuelle sur le net, tu n'avais toujours pas embrassé un garçon à 15 ans ? Hé bien non ! La honte ! Hé bien, oui… un peu… C'est pour cette raison que je m'étais inventé un petit ami très très mignon en troisième, qui vivait à quelques rues de chez moi, c'est pour ça que je refusait de sortir avec d'autres garçons de ma classe, car je lui étais fidèle, c'est pour ça aussi que je refusait les invitations aux soirées, car elles n'avaient pas d'intérêt sans lui… Jusqu'au jour où on ne m'invita plus, on me mis à l'écart, un peu par envie, un peu par jalousie…

Pour me venger, je piquais dans le cartable des filles que j'enviais, je leur piquais leur trousse ou juste leur plus joli stylo…

Un jour, une nouvelle emménagea dans la maison voisine de celle de mon amoureux virtuel, et quand elle demanda pourquoi est ce que l'on ne m'invitait pas aux soirées, les autres de la classe lui dirent qu'en fait je restais avec mon amoureux… Pas de chance pour moi, le pot aux roses fut découvert. La fin de ma troisième fut un calvaire. Tout le collège se moquait de moi. Ils étaient d'autant plus cruels que j'étais déjà très jolie, et première de ma classe. Curieusement, les profs dont j'étais la chouchou ne se rendaient compte de rien, ou fermaient les yeux…

Ce déménagement fut donc pour moi providentiel. Nouvelle ville, nouveau lycée, nouveaux amis… Une nouvelle chance m'était offerte ! Fini les mensonges m'étais-je promis ! Alors, quand les autres filles me demandèrent si j'avais déjà couché, je leur avouais que je n'avais même jamais embrassé un garçon. D'office, elles me prirent pour une bête curieuse, et je fus un peu mise à l'écart. A nouveau, je m'enfermais dans un monde imaginaire, où je sortais avec un garçon parfait, tout droit issu de mon imagination. Mais cette fois ci, je gardais mes rêves pour moi, et n'en parlais à personne !

La seconde passa rapidement. Je n'avais pas vraiment d'amies sur qui je pouvais compter. Les garçons me tournaient autour, mais je n'avais pas envie d'offrir mes lèvres, mon corps en pâture, à tous ces adolescents libidineux et boutonneux !… Je préférais travailler et être brillante en classe.

C'est pendant les vacances d'été que j'ai vu Ken pour la première fois. Il travaillait (oui ! Ken bossait quand je l'ai connu !) dans une agence de voyages dans le 17ème, juste en face de chez ma tante. La première fois que je l'ai vu, ce fut à travers la vitrine de l'agence. Il m'avait semblé le voir embrasser la propriétaire de l'agence, une assez belle fille, brune, aux airs de Julia Roberts, la trentaine… Je crois que c'est pour ça que je suis rentrée dans l'agence, juste pour les déranger ! Une fois à l'intérieur, il a bien fallu que je justifie ma présence, j'ai demandé une brochure sur les îles de rêve…

« Je vous conseille l'Ile Maurice, mademoiselle ! Je viens d'y faire un séminaire, et je vous assure que c'est ce qu'il vous faut ! »

Il était en effet très bronzé, et son regard océan m'aurait convaincue de n'importe quoi !

Je suis ressortie de l'agence une heure plus tard avec une pile de prospectus de rêve, et surtout un rendez vous pour le lendemain…

Le lendemain, j'ai passé deux heures à me faire femme pour ce garçon délicieux… et deux heures à l'attendre sous la pluie devant le drugstore… Il m'avait posé un lapin…

J'avais 16 ans, je venais de tomber amoureuse pour la première fois, et, pour notre premier rendez vous, je dégoulinais de pluie et de rimmel face au drugstore…

Je n'ai pas revu Ken cet été là. Mais dans ma tête, l'histoire avait démarré. Non seulement il ne m'avait pas posé de lapin, mais il m'avait déclaré sa flamme au beau milieu des Champs Elysées… Mon imagination fertile m'aida à lui être fidèle pendant toute mon année de première… C'est aussi cette année là que je commençais à me caresser en pensant à lui. Je partais souvent me promener en ville, sous la pluie, seule… Seule, mais dans ma tête j'étais avec lui. Vingt fois je me rejouais nos dialogues, jusqu'à ce qu'ils soient parfaits, vingt fois je me répétais ses mots dans ma tête, imaginant nos étreintes, jusqu'à ne plus distinguer rêve de réalité. Les autres ne m'intéressaient pas, je vivais dans mon monde intérieur…

L'été arriva enfin et je négociais avec mes parents mon séjour à Paris, chez ma tante. Ils furent d'accord à condition que je travailles tous le mois de juillet afin de financer mon séjour. Je finis par trouver une petite place de vendeuse dans un magasin de sapes. Je dus travailler jusqu'au 15 août pour réunir l'argent nécessaire à mon billet de train…

C'est dans l'esprit d'une future mariée que je débarquais le 16 août gare de Lyon. J'avais hâte d'arriver devant l'agence et de me jeter dans les bras de mon amoureux ! J'en oubliais presque le lapin de l'été dernier. Je fis les derniers mètres en courant presque, dans ma hâte je me tordis une cheville. Quel ne fut pas mon désarroi quand arrivant devant l'agence, je vis le store baissé, toutes lumières éteintes et une petite pancarte : réouverture le 2 septembre…

Je montais les six étages qui mènent jusqu'aux deux pièces de ma tante… J'avais six étages pour cacher ma tristesse et me raisonner. Après tout, j'avais deux semaines devant moi, je serais encore à Paris le 2 septembre, je pourrais revoir Ken, et faire éclater mon amour pour lui au grand jour… J'avais deux semaines pour me faire belle et désirable pour mon homme, après tout, il ne pouvais pas me voir ainsi, à peine descendue du train, transpirante et essoufflée… Non, ça n'aurait pas été convenable ! J'avais devant moi deux semaines pour me sublimer, et c'était bien mieux ainsi !

Je passais donc mes deux semaines à me pomponner, faire des abdos tous les soirs, courir au parc Monceau tous les matins, faire masques à mes cheveux et gommages à mon corps… J'essayais aussi toute la garde robe de ma tante, à la recherche de la tenue parfaite à porter le 2 septembre…

Enfin le deux septembre arriva. J'avais fait un masque au yaourt et aux œuf à mes cheveux et dormi avec une purée de fraises sur le visage afin d'avoir un joli teint. Je passait une mini jupe en jeans et un chemisier blanc, me maquillais avec soin, et selon mon plan descendis à la boulangerie chercher quatre croissants au beurre. Au retour, l'agence ayant ouvert, je poussais la porte d'un air décidé. Je cherchais Ken des yeux, mais ne le vis pas… Seule, la brune me souris commercialement : « Je peux vous aider ?

- Je cherche Ken… Le jeune homme qui travaillait ici… »

Elle parut un peu surprise, puis fronçant les sourcils : « Ahh ! Ken ! Non il ne travaille plus ici ! Désolée Mademoiselle ! »

D'un coup, d'un seul, par ces quelques mots, sans en avoir conscience, elle venait de mettre fin à une longue année de rêve et d'idylle. Ne pouvant cacher mon désarroi, je fis demi tour sur mes talons, et comme je franchissais le seuil je l'entendis me lancer « Contente de voir que vous aussi, il vous a laissée tomber ! ».

Je courus jusqu'au parc Monceau et m'effondrais sur un banc. J'avais besoin de réfléchir à tout ca.

Demain, je quittais Paris, mes vacances étaient finies, et avec elles ma belle histoire avec Ken. Je nous avais tellement imaginés que je vivais cette désillusion comme une véritable rupture. Tous mes projets, tous mes rêves s'écroulaient. Je crois que j'aurai réussi à lui trouver une excuse de ne plus travailler à l'agence… Mon imagination aurait pu s'en accommoder… Mais la phrase assassine de la brune avait définitivement fait explosé mon rêve ! Désœuvrée, je rentrais chez ma tante préparer mes bagages.. L'après midi je décidais d'une ballade sur les Champs, seule, trahie par mon amour et par mon imagination. Demain, retour dans ma province, après demain retour au Lycée… L'année du Bac… Une année à pas rater ! Une année qui s'annonçait morose… Il se mit à pleuvoir, machinalement je me dirigeais vers le drugstore. La pluie coulait sur mes joues, mouillant mes cheveux et mon chemisier. Mais je ne me hâtais pas. A quelques mètres du drugstore un jeune homme me bouscula à grandes enjambées, s'engouffra dans le magasin, puis se ravisant en ressortit, c'était Ken !

« Ken ! »

Il se retourna et me regarda l'air surpris : « On se connaît ?

- Heu… non…

- … et… vous prenez souvent la pluie devant le drugstore ?

- Pas plus d'une fois par an, lui souris-je.

- Alors je peux vous proposer un café ?

- Avec joie ! »

Manifestement, il ne se souvenais plus de moi, et me re-dragua… Un peu avec les mêmes arguments de rêve, de voyages, de plages désertes… Je jouais le jeu, trop heureuse de ce cadeau de la Providence ! Le temps passa trop vite, et fronçant les sourcils sur ses yeux océan : « Je dois y aller ! » me dit-il.

- Moi aussi ! 

- Il pleut encore, je suis en voiture, je peux vous raccompagner ?

- D'accord !

Il avait à l'époque une vieille MG vert anglais. Je le suivi en trottinant, il m'ouvris la portière et je m'assis. Je vivais un véritable rêve… J'aurais voulu que ma tante habite très loin pour que cette balade sur les pavés luisants ne s'achève jamais… Pourtant, chaque feux rouge nous rapprochait de la séparation… Il fallait que je trouve quelque chose… Je ne pouvais pas le faire monter chez ma tante, je ne pouvais pas me jeter dans se bras…En arrivant devant l'agence, « C'est marrant, me dit-il, j'ai travaillé ici l'été dernier, on aurait pu se croiser ! »

- On aurait pu …

Alors que je m'apprêtais à ouvrir la portière pour sortir, « Attendez, me dit-il, j'ai un parapluie ! » Et comme il faisait le tour de la voiture pour venir m'ouvrir avec son parapluie déployé, je plongeais la main dans mon sac, saisis mon porte-feuille et le jetais sous le siège passager ! Il ouvrit ma portière et me tendit la main pour m'aider à sortir, galant, il m'accompagna jusqu'à la porte cochère. « Maintenant je sais où vous habitez, belle enfant ! » Nos lèvres se rapprochèrent et il m'embrassa. Un doux baiser d'abord, un long baiser ensuite qui enflamma mes sens bien au-delà de mes rêves les plus fous.

« A demain ? me dit-il

- Peut-être… lui dis-je tout contre ses lèvres

- 14 heures devant le drugstore !

Je lui souris une dernière fois et m'éclipsais dans le corridor !

Je montais les cinq étages quatre à quatre, j'avais des ailes ! Et qu'importe si mon train était à midi Gare de Lyon, j'avais un rendez vous avec Ken, et tout comme notre baiser, tout ceci avait basculé ans la réalité.

 

Le lendemain, à midi, je montais dans mon train, sans un sous en poche, sans porte-feuille, mais le cœur amoureux et rempli d'espoir…

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